Nantes

Le 5 novembre 1963, Barbara montait sur la scène des Capucins à Paris et entonnait une nouvelle chanson qu’elle venait de terminer seulement quelques heures auparavant : “Nantes”. “Il pleut sur nantes/Donne moi la main/Le Ciel de Nantes/Rend mon coeur chagrin…”.

Une chanson en souvenir de son père, disparu le 20 décembre 1959 à Nantes sans qu’elle n’ait pu le revoir. Il est vrai que la chanteuse, de son vrai nom Monique Serf, entrenait une relation complèxe avec ce dernier qui avait abusé d’elle quand elle était enfant et qui avait fini par quitter le domicile familial parisien en 1948 sans plus jamais donner de nouvelles.

Admis à l’hôpital Saint-Jacques où il devait décéder d’une tumeur cérébro-spinale, Jacques Serf avait demandé à voir sa fille dont il suivait la carrière alors débutante. Barbara arriva malheureusement deux jours trop tard. Mais au lendemain de l’enterrement, dans la fosse commune du cimetière Miséricorde (faute de moyens) elle commença à rédiger une chanson qu’elle ne devait terminer que 4 ans plus tard.

Nantes

Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon coeur chagrin

Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m’était encore inconnue
Je n’y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:

“Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il y a peu d’espoir
Il a demandé à vous voir.”

A l’heure de sa dernière heure
Après bien des années d’errance
Il me revenait en plein coeur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu’il s’en était allé
Longtemps je l’avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu’il m’était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m’en souviens du rendez-vous
Et j’ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d’un couloir

Assis près d’une cheminée
J’ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l’habit du dimanche
Je n’ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J’ai rien dit, mais à leurs regards
J’ai compris qu’il était trop tard

Pourtant j’étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m’a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà, tu la connais l’histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, sans un “je t’aime”

Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que tranquille il repose
Je l´ai couché dessous les roses
Mon père, mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon coeur chagrin
.

<=> Traduction

It’s raining on Nantes
Give me your hand
The sky of Nantes
Makes my heart grieve

A morning like this one
It’s already just a year
The town had this wan look
When I was leaving the train station
Nantes was still unknown to me
I had never come there
It had required this message
That I would make the journey

“Madame, go to the rendez-vous
25 Grange-au-Loup street
Go quickly, there is little hope
He asked to see you.”

At the time of his last hour
After many years wandering
He was coming to me with a full heart
His cry tore the silence
Ever since he had gone away
For so long, I had hoped for it
This wanderer, the disappeared
Look, he has come back to me

25 Grange-au-Loup Street
I remember the rendez-vous
And I engraved in my memory
This room at the end of a corridor

Sitting near to a chimney
I saw four men getting up
The light was cold and white
They were wearing their Sunday best
I didn’t ask any questions
Of these strange companions
I said nothing, but from their looks,
I understood that it was too late

Though I was at the rendez-vous
25 Grange-au-Loup Street
But he never saw me again
He had already passed away

So, you know the story
He had returned one evening
And this was his last journey
And this was his last shore
He wanted before dying
To warm himself with my smile
But he died on that very night
Without a farewell, or ‘I love you”

On the way along by the sea
Interred in a garden of stones
I wish that he rests quietly
I laid him beneath the roses
My father, my father

It’s raining on Nantes
And I remember
The sky of Nantes
Makes my heart grieve

Nantes recité par Gerard Dépardieu

[Pas de permission pour ça ]
. . . . . . . . . . .
Le ciel de Nantes
Rend mon coeur chagrin

Un matin comme celui-là
J’ai bien entend déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m’était encore inconnue
Je n’y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse le voyage:

“Madame soyez au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Faites vite, il n’y a peu d’espoir
Il a demandé à vous voir.”

A l’heure de sa dernière heure
Après bien des années d’errance
Il me revenait en plein coeur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu’il s’en était allé
Longtemps je l’avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu’il m’était revenu

Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Je m’en souviens du rendez-vous
Et j’ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d’un couloir

Assis près d’une cheminée
J’ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l’habit du dimanche
Je n’ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
Non je n’ai rien dit, mais à leurs regards
J’ai compris qu’il était trop tard

Pourtant j’étais au rendez-vous
Vingt-cinq rue de la Grange-au-Loup
Mais il ne m’a jamais revue
Il avait déjà disparu

Voilà, tu la connais l’histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un adieu, et sans un “je t’aime”

Au chemin qui longe la mer
A l’ombre d’un jardin des pierres
Je l´ai couché dessous les roses
Je crois que tranquille tous reposent
Tranquille il repose, mon père, mon père

Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Ce ciel de Nantes, je me souviens
Ce ciel de Nantes, rend mon coeur
Rend mon coeur chagrin


Nantes chanté par Barbara

Nantes etc recité par Barbara