Category Archives: La Fenêtre
Rodin et Monet
Rodin et Monet
Auguste Rodin et Claude Monet sont nés à Paris à deux jours d’intervalle en novembre 1840. Cependant, il semble qu’ils ne se soient rencontrés qu’à plus de 40 ans. Ils ont des amis communs, comme les écrivains et critiques Octave Mirbeau et Gustave Geoffroy. Comme a écrit Geffroy, “nous étions très amis tous les quatre, malgré les différences d’âge et la situation, et je puis dire avec une joie mélancolique qu’a travers tout, nous sommes restés amis, jusqu’à la fin de Rodin, jusqu’à la fin de Mirbeau“. [2]
L’Age D’Airain
Les deux artistes et le marchand d’art Paul Durand-Ruel ont fréquenté les dîners d’un groupe d’artistes et d’hommes de lettres réunis par Mirbeau. Ils ont été liés par une amitié et une admiration réciproque. Après Rodin vient de passer quinze jours chez les Mirbeau en Bretagne en ’87, Octave a écrit à Monet – “si vous saviez quel respect, quel tendre admiration Rodin a pour vous! Dans la campagne, sur la mer, devant un horizon lointain, un frisonnement de feuillages, une fuite de mer changeante, il s’écriait avec un enthousiasme qui en disait longue : Ah ! que c’est beau . . . C’est un Monet ! Il n’a jamais vu l’Océan, et il l’a reconnu d’après vos toiles ; vous lui en avez donné l’exacte et vibrante sensation.” [2]
Il est difficile d’imaginer des parcours artistiques plus différents que ceux de Rodin et de Monet. Rodin quitte Paris pour Bruxelles pendant quelques années : L’Âge d’Airain lui apporte la reconnaissance en ’77. Il est finalement acquis en ’80 par l’État, qui lui commande également La Porte de l’Enfer. D’autres commandes suivront : le Buste de Victor Hugo et le Monument des Bourgeois de Calais. En ’87, Rodin est fait Chevalier de la Légion d’Honneur. Désormais considéré comme un artiste officiel, il compte parmi les membres du jury de l’Exposition Universelle de ’89.
Monet, quant à lui, est aussi un artiste reconnu : sa carrière débute réellement en ’65 avec le Déjeuner sur l’herbe, auquel succède l’année suivante les Femmes au jardin ; en ’74, il signe avec Impression, Soleil levant l’acte de naissance du mouvement impressionniste. Mais il est constamment en butte à des problèmes d’argent, et confronté à l’incompréhension du public et aux sarcasmes de la critique.
Quelques années plus tard Monet, avec de la sagesse indulgente, a écrit à Rodin ” si vous voulez venir jusqu’à Giverny nous pourrons ensemble rappeler nos souvenirs de cette exposition qui, si elle a servi à nous mettre en lumiére, a eu aussi le grand inconvénient de nous désunir momentanément “. [2].
Causes communes
Bien que blessé par l’attitude de Rodin lors de la préparation de leur exposition commune, leur correspondance régulière témoigne de leur amitié fidèle, jusqu’à la mort du Rodin en 1917. Ils se retrouvent également autour de causes communes, se soutiennent et partagent leurs amitiés.
En ’92, le peintre Jules Breton, chargé de l’exécution d’un grand paysage pour l’Hôtel de Ville de Paris, présente sa démission. Rodin, qui est alors membre de la commission de décoration de l’édifice, propose Monet pour le remplacer. En ’94, grâce à Monet se rencontrent à Giverny Rodin et Cézanne – autre figure majeure de la modernité – en présence de Mirbeau, Clémenceau et Geoffroy.
Une amitié fidèle
En ’97 paraît le premier ouvrage consacré aux dessins de Rodin, préfacé par Mirbeau. À Monet, qui lui a écrit pour lui dire son amitié et son admiration, Rodin répond : « Votre lettre m’a réjoui, car vous savez que préoccupés comme nous le sommes tous les deux par notre poursuite de la nature, les manifestations de l’amitié en souffrent, mais le même sentiment de fraternité, le même amour de l’art, nous a fait amis pour toujours, aussi suis-je heureux de recevoir votre lettre. (…) C’est toujours la même admiration que j’ai pour l’artiste qui m’a aidé à comprendre la lumière, les nuées, la mer, les cathédrales que j’aimais tant déjà, mais dont la beauté réveillée dans l’aurore par votre traduction m’a touché si profondément. »
L’année suivante, Monet écrit à Rodin pour lui renouveler son soutien. Le sculpteur essuie alors les feux de la critique avec son Balzac, dont le plâtre est exposé pour la première fois au Salon. Monet joint sa signature à celles d’artistes et d’intellectuels dans une lettre de protestation publique. Rodin écrit à Monet pour le remercier : « Votre appréciation est une de celles qui m’étayent fortement ; j’ai reçu une bordée, qui est pareille à celle que vous avez eue autrefois quand il était de mode de rire de l’invention que vous aviez eue de mettre de l’air dans les paysages [. . .] votre exposition victorieuse donne de la force aussi à tous les artistes persécutés comme je suis maintenant. Quel effet qui n’avait jamais été employé avant vous, et cette cathédrale dans la brouillard. »
En 1900, Monet est l’un des contributeurs du catalogue des œuvres de Rodin. Le court texte exprime son amitié et son admiration pour Rodin : « Vous me demandez de vous dire, en quelques lignes, ce que je pense de Rodin .. ce que je tiens à vous dire, c’est ma grande admiration pour cet homme unique en ce temps et grand parmi les plus grands. L’exposition de son œuvre sera un événement [ ..] »
Lorsqu’en ’04 est lancée la souscription publique pour offrir un agrandissement en bronze du Penseur à la Ville de Paris, Monet tient à y contribuer, à hauteur de deux cents francs, une somme considérable à l’époque, pour un artiste aux revenus relativement modestes.
C’est encore grâce à Monet qu’une exposition de dessins de Rodin est organisée chez Durand-Ruel, le marchand et défenseur du peintre, en ’07. Enfin, en mai 1917, quelques mois avant la disparition de Rodin, Monet, en prévision de la création du musée qui consacrera l’œuvre de son ami, propose ses services pour aider au classement des dessins du sculpteur.
Deux collections «amies»
L’amitié entre les deux artistes a laissé des témoignages dans leurs collections. En 1888 Monet donne à Rodin un tableau intitulé Belle-Île, appartenant à un ensemble de 39 toiles qu’il a peintes sur le motif en ’86 au cours de son séjour à Belle-Île-en-Mer. Conservée par Rodin au second étage de la Villa des Brillants, l’œuvre est aujourd’hui toujours dans les collections du musée.
En échange, Rodin propose à Monet un bronze de la Jeune mère à la grotte. Ayant reçu le bronze, Monet écrit au sculpteur : « Mon cher Rodin, que je vous dise combien je suis heureux du beau bronze que vous m’avez envoyé. Je l’ai placé dans l’atelier afin de le voir constamment .. Amitiés. »
Finalement, la donation de ses œuvres à l’État par Rodin inspire Monet qui décide à son tour de donner à l’État la série des Nymphéas.
Conclusion:
Bien qu’ils travaillent dans des genres différents, tous deux ont cherché à capter un sentiment de spontanéité, de vitalité et de mutabilité dans leur art. Ils manipulent leurs matériaux, qu’il s’agisse de peinture, d’argile ou de plâtre, d’une manière qui suggère que la main de l’artiste transmet une réponse personnelle à la nature. Il s’agit souvent d’effets novateurs de lumière, de texture et d’absence de finition.
Par exemple, le coup de pinceau varié de Monet, allant de touches rapides à de longs traits striés et à des boucles de peinture, confère à ses paysages un sentiment de dynamisme et de changement. Les sculptures de Rodin, qu’elles soient en terre cuite et en plâtre qu’il travaillait lui-même, ou qu’elles soient habilement traduites en marbre et en bronze, conservent l’impression que l’artiste est en train de mouler, de façonner et de sculpter son matériau. (4)
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
.
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Sources :
1. L’article ci-dessus est basé sur MUSÉE RODIN -> Rodin et les artistes -> Claude Monet https://www.musee-rodin.fr/ressources/rodin-et-les-artistes/rencontre-rodin-et-monet
2. [Un Livre] MONET – RODIN RIEN QUE VOUS ET MOIS [Skira Flammarion MUSEÉE RODIN]
3. [Un Livre] Claude Monet – Auguste Rodin [1989 – 1990] Centenaire de l’exposition de 1889
4. [Article] https://www.metmuseum.org/blogs/now-at-the-met/2017/auguste-rodin-claude-monet Alison Hokanson – The Pursuit of Nature